Une petite biographie pour mieux me faire connaître


De la batterie à la magie
Je suis né le 23 novembre 1946 à Lunéville, petite commune de Meurthe-et-Moselle.
Enfant malade jusqu’à l’adolescence, j’ai eu une enfance en pointillé, celle d’un enfant privé de la découverte de la vie et des relations sociales que l’on fait à cet âge. Cela a marqué ma vie à jamais.
Enfant timide et introverti, je n’avais qu’une passion étant jeune : la musique, en particulier la batterie, que j’ai pu commencer à pratiquer vers 16 ans dans un groupe de rock.
La magie est venue plus tard, à 22 ans, un peu par hasard. Mon frère, qui est de 7 ans mon aîné, m’avait montré quelques tours de cartes qu’il avait appris étant jeune d’un camelot à qui il servait de comparse. Il me les avait expliqués, sauf un, qu’il désirait garder pour lui. Cela m’avait vexé, au point de me jurer que sous peu c’est moi qui le blufferait (et ne lui expliquerait pas, haha).
Je découvrais donc la collection Payot, en particulier les deux tomes de la Prestidigitation du XXème siècle, de Hugard et Braue. Je me souviens encore de la fascination qu’exerçait sur moi le tome sur les tours de cartes, et avec quelle fébrilité je découpais les pages avec soin !
A cette époque, j’étais batteur dans un orchestre de variété de la SNCF, et nous faisions beaucoup d’animations pour des départs en retraite de chefs de train ou autres cheminots. En plus de l’orchestre il y avait souvent des clowns et un magicien. Je dévorais des yeux ce dernier, avide de découvrir ses trucs, et quémandant le droit d’assister à sa préparation dans les coulisses, mais il ne se laissait pas faire, même si je me targuais d’être « aussi magicien » grâce à mes Payot.

Mes débuts de magicien
Finalement un jour il me dit de venir le voir chez lui, à Metz. Pierre Schermann (son nom) était Maître Magicien et membre du Conseil de l’Ordre, attention, ça ne rigole pas, et quand je fus assis en face de lui dans son bureau il me tendit un tapis de cartes et me dit « Et bien montre-moi ce que tu sais faire ».  Je ne vous cache pas que je fus terriblement impressionné et que mes quelques tours furent plutôt minables. Mais bon, j’avais le pied à l‘étrier. Il me fit travailler, me donna des conseils, et me parraina pour entrer à l’AFAP en 1970.
Je suis reconnaissant à Pierre Schermann de son aide et de sa confiance à une époque où les magiciens y regardaient à deux fois avant de lâcher le moindre secret à un « moldu [1]».
Je dois aussi à Schermann autre chose : ce magicien était un homme simple, qui se fondait dans le public, à vrai dire personne n’aurait pu imaginer qu’il était magicien avant de le voir faire des tours aux uns et aux autres. Et cela était pour moi génial, il prenait vraiment le public par surprise, personne ne s’attendait à voir cela et j’ai toujours aimé cette approche aux antipodes de « Vous allez voir ce que vous allez voir, etc. »  Encore aujourd’hui je suis favorable à cette approche et je la fais mienne.
Au Cercle Robert-Houdin de Lorraine j’ai fait la connaissance de « pointures » locales, avec qui je me suis lié d’amitié. Si j’ai pratiqué au début un peu tout ce qui se manipule, y compris les colombes, je me suis vite consacré au close-up et en particulier à la « cartomagie».
Etant un passionné, j’aime aller au fond des choses. Je me suis vite rendu compte que les Payot dataient déjà un peu, et que si je voulais apprendre ce qui se faisait de mieux à cette époque il me fallait plonger dans la littérature anglo-saxonne. J’ai donc commencé à acheter de très nombreux livres de cartomagie aux Etats-Unis, et à en extraire les meilleurs tours que je traduisais.
Dans ces années 70 nous étions une poignée de magiciens à défricher la cartomagie américaine, les Harry Lorayne, Frank Garcia, Karl Fulves, et même Dai Vernon qui était peu connu ici.
Je me souviens d’ailleurs de la première fois où j’ai découvert au Cercle le comptage Elmsley (au bout des doigts car la version « en mains » est apparue plus tard), c’était la révolution  et Twisting The Aces de Vernon le tour du siècle (qui reste un excellent tour de petit paquet et sans doute la meilleure de toutes les versions existantes).
A cette époque je correspondais donc avec mes « collègues défricheurs », j’en rencontrais certains de manière régulière au cours de sessions où nous échangions nos trouvailles.
Je commençais aussi à créer des tours et à en publier dans diverses revues, Arcane, Cardini Club Revue, etc …
Et puis dans les congrès auxquels j’assistais je pouvais voir « en live » des magiciens qui allaient marquer le monde magique, en particulier le congrès de la FISM à Paris en 1973 avec Ricky Jay, Brother John Hamman, Derek Dingle, etc …

Bouleversante découverte
Fort d’une très grosse bibliothèque et d’une réputation flatteuse de la part de mes collègues cartomanes, j’allais faire en 1974 une découverte qui allait bouleverser ma vision de la magie et ranger au placard une bonne partie de ce que je faisais. Jean Merlin m’avait parlé d’un magicien inconnu qui travaillait comme un fou et qui, quand il sortirait, allait tout bouleverser. Ce magicien dont Merlin allait éditer le premier fascicule s’appelle Dominique Duvivier.
Quand j’ai acheté le Cartomagie Année 2001, j’ai été surpris, tant sur le fond que sur la forme. Idem avec le 2002 puis le 2003. C’est à la sortie du 2003 que j’ai décidé d’aller rencontrer ce magicien qui cassait les codes et remettait en cause mes convictions.
Je prends un rendez-vous avec Duvivier un samedi, et me rends chez lui. D’emblée, une fois assis face à lui dans son bureau il me demande « Qu’attendez-vous de moi ? » … Je lui réponds alors que je désirerais voir « en vrai » ce qu’il écrit dans ses fascicules. Et cela (mais je ne lui dis pas) d’autant plus sur je suis plutôt dubitatif sur certains tours ou certaines techniques qui me paraissent … infaisables !
« Je vous ai préparé 100 tours » me dit-il alors !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Et effectivement il m’en fait d’abord 50, les uns derrière les autres, j’ai la tête qui explose, puis nous décidons de nous revoir dans la soirée « après le film » pour qu’il me fasse la suite. Ce qu’il fit naturellement, et je repartis le dimanche matin sur le coup de 7 heures complètement abasourdi par ce que j’avais vu, la magie, le personnage, les idées … Effectivement, c’était une révélation et une révolution pour moi, dans tous les sens du terme et dans tous les domaines.
Il me fallut un an de réflexion, à peser le pour et le contre, avant de devenir son élève, ce qui dura 10 ans. Enfin non, nous nous sommes vus sur une base régulière pendant 10 ans, tous les mois, puis tous les 15 jours, mais les séances chez lui qui débutaient à 18h et se terminaient à 7 heures du matin ne comportaient pas que de la magie, même si globalement tout y concourait.
Je garde de toutes ces années chez Duvivier un souvenir complexe. Néanmoins, je préfère me focaliser sur ce que cela m’a apporté en tant que magicien. Et il est clair que cela a changé ma conception de la magie. Loin d’être un clone, ce que je n’ai jamais été (et j’ai du mal avec les clones), je me rends compte surtout maintenant, où j’ai un âge avancé, combien nombre de mes convictions que je défends bec et ongle viennent directement ou indirectement de son enseignement.
Durant toutes ces années Duvivier j’ai transmis localement ce que j’apprenais chez lui. Plusieurs magiciens, du Cercle ou pas, sont passés me voir pour apprendre la cartomagie. 

Enseigner mes passions
J’adore enseigner et transmettre, mais pendant très longtemps je n’étais pas un magicien qui fait des tours. Je créais des routines, en publiais, dans le Magicien par exemple, mais ne les faisais pas. A vrai dire, la magie accentuait mon caractère introverti, tout comme l’a été l’origami, une autre de mes passions. Et c’est la raison pour laquelle plusieurs fois j’ai arrêté la magie, comme j’ai arrêté l’origami, de façon plutôt violente, car il y avait beaucoup d’affect dans tout cela, et je donnais tout, livres, vidéos, tours, ne voulais plus entendre parler de ces passions dévorantes où je me jetais à corps perdu mais aussi où je m’enfermais et finissais par me noyer. Et quelques années après, je reprenais, dans l’espoir que cette fois je vivrais cette passion d’une façon plus bénéfique pour mon équilibre, mais hélas à nouveau au bout de quelques années j’envoyais tout au diable.
Il a fallu des années de travail sur moi pour qu’enfin je vive mes passions en m’ouvrant vers les autres, en en faisant un moyen de partage et non plus une activité purement cérébrale.
Mes intérêts en cartomagie ont évolué au fil des ans. Si j’ai pratiqué des tours plutôt techniques au début, j’en fais de moins en moins de nos jours. Déjà parce que mes mains ont du mal à assurer maintenant, en particulier parce que j’ai une peau extrêmement sèche ce qui est très pénalisant, mais aussi parce que le répertoire habituel du cartomane est pour moi un peu dépassé. Ce qui était nouveau dans les années 70 ne l’est plus 40 ou 50 ans après, et je trouve dommage que de nombreux magiciens, en particulier des célèbres, continuent à se cantonner à une magie maintenant bien datée. Les magiciens pratiquant des tours « classiques » m’ennuient désormais. Je suis par contre très admiratif de Dani DaOrtiz, Woody Aragon, Juan Tamariz naturellement, et ces magiciens qui font une magie techniquement simple mais extrêmement subtile, et qui sont de vrais show men.
J’aime beaucoup les tours automatiques, mais pas n’importe lesquels. Il y en a des très bons, mais aussi, et plus, de très mauvais. Un tour automatique vaudra par sa présentation. Hélas, nombre de magiciens font des tours automatiques « bruts de décoffrage », et c’est dommage.
J’aime aussi beaucoup la magie d’Eugene Burger et autres Robert Neale où l’effet est transcendé par une histoire qui a du sens. Nous sommes trop habitués, je trouve, à des effets juste conçus pour « bluffer », mais juste pour bluffer, sans que le tour ait un autre intérêt.  Une magie gratuite, une magie puzzle, qu’il ne nous viendrait jamais à l’idée de faire si nous avions de vrais pouvoirs !

Découverte du mentalisme
Il y a une vingtaine d’années je me suis intéressé au mentalisme, et j’ai intégré l’association Mindon Mania. J’y ai rencontré des mentalistes de conviction (et non d’opportunité comme maintenant où tout le monde fait du mentalisme) et noué de solides amitiés avec certains d’entre eux.  Même si je ne pratique plus cette branche de la magie je continue à m’y intéresser fortement.

Partage de mes passions
J’ai la chance d’avoir en magie un esprit créatif, ce que je n’ai pas en origami où je suis tout au plus un interprète. J’aime aussi partager ma passion avec d’autres magiciens, échanger des idées, travailler sur des principes ou améliorer des tours.
J’aime aussi plancher de temps à autre sur un sujet et aller au bout, du moins avec les informations que je possède. C’est comme cela que je fais de temps à autre des exposés au Cercle Magique de Lorraine.
Parallèlement à cela je suis professeur d’origami à la MJC Lorraine de Vandoeuvre depuis 7 ans. J’ai dû renoncer à la batterie pour raisons de santé.

MERCIS
Et je remercie le Cercle Magique de Lorraine et en particulier Frédéric Denis son Président pour m’avoir à nouveau accueilli à la suite du 50ème Congrès de la FFAP à Nancy et  cela après des décennies d’absence, et de m’accorder leur confiance et leur amitié. Sans le Cercle je n’aurais sans doute jamais repris la magie et je perdrais une grande source d’épanouissement.




[1] Référence à Harry Potter

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