Pourquoi faire comme ça ???

C'est un sujet récurrent chez moi, la motivation de ce que l'on fait.
Il existe pléthore de tours, en particulier dans la catégorie des tours automatiques, où la procédure, si nous y regardons bien, est totalement injustifiée, pas du tout naturelle, et même si le spectateur ne comprend pas comment ça marche, il aura quand même le sentiment, ou du moins peut l'avoir, que c'est "juste un truc",  loin d'un tour qui lui laissera un souvenir impérissable.
Prenons un exemple, "Dans les mains", décrit dans le livre de Roberto Giobbi "Roberto Light".
Le point fort de ce tour est qu'il se fait entièrement dans les mains du spectateur, à partir d'un jeu emprunté, mélangé, sans aucune intervention du magicien. C'est bien, mais à quel prix ?
La procédure pour faire choisir deux cartes est quand même pour le moins curieuse. Il faut retourner la moitié du jeu faces en haut, regarder la dernière carte face en haut (donc celle qui était au départ sur le dessus du jeu), retourner le jeu, faire de même, et remettre tout dans le même sens. Le jeu est coupé et le magicien retrouve les deux cartes.
Franchement, dans la vraie vie, si je veux faire choisir deux cartes, vais-je procéder comme cela ??????
C'est aussi anachronique comme méthode que le tourniquet pour faire disparaître une pièce !
En réalité, le tour est construit autour d'une méthode, et c'est la méthode qui fait le tour.
Erreur, une méthode doit être au service du tour, et pas le tour lui même !
Car si le magicien partait de ce qu'il veut obtenir comme effet, à savoir : deux cartes choisies librement dans un jeu mélangé par le spectateur et même remélangé après, il y a des méthodes infiniment plus directes, quitte à faire quelques concessions par ailleurs.
Par exemple, avec un jeu marqué dont le marquage se lit à distance, le spectateur mélange le jeu, le pose sur le tapis, coupe et regarde la carte de coupe, mélange, et recommence.
Rien qu'en regardant le dos des cartes de coupe le magicien en prend connaissance, point barre. C'est on ne peut plus direct, non ? Et nul besoin de regarder les faces des cartes, de chercher des cartes clés, etc ...
Évidemment, dans cet exemple, le jeu ne peut pas être emprunté, mais est-ce un problème ? A mon avis, non, déjà parce qu'un spectateur lambda n'a pas de jeu de cartes sur lui, et puis les conditions sont quand même pour le moins pures.
Et surtout, avec une méthode si simple en soi, la porte est ouverte à nombre de présentations qui vont rendre cet effet marquant pour les spectateurs.
Avec la méthodologie du tour de Giobbi, difficile d'aller au-delà de ce que l'effet peut offrir, elle ferme toutes les portes puisque encore une fois la méthode est l'effet.
En réalité, ce genre de tours est un bon exercice de réflexion, savoir comment le rendre plus intéressant, plus motivé, et à la limite le rendre méconnaissable par ceux qui connaissent la méthode d'origine.
Je m'amuse souvent à prendre des tours de ce style, et à faire du brainstorming avec un ami, il en sort toujours des choses intéressantes, ça fait chauffer les neurones et c'est toujours constructif.